0207 Après LAmour Et Les Câlins.
[Toute ressemblance avec des personnes existantes ou des événements ayant existé serait purement fortuite].
Puis, après lamour, après les câlins, comme pendant une ivresse, livresse des sens et de lesprit, la parole se libère.
« Heureusement que tas eu les couilles de proposer les révisions
» me balance Jérém de but en blanc.
« Pourquoi tas dit oui quand je tai proposé de réviser ? ».
Jai déjà posé cette question, et les réponses que jen avais obtenues avaient été au mieux décevantes, au pire blessantes.
« Parce que je voulais avoir une chance davoir le bac
» : telle avait été sa réponse décevante après la nuit fantastique qui avait suivi le plan à trois avec le bobarbu Romain, levé au On Off.
« Parce que je voulais baiser ton cul
» : telle avait été sa réponse, blessante et humiliante, la dernière fois où il était venu chez moi, un mois plus tôt, le jour de notre clash, peu avant que nous en venions aux mains.
Mais ces réponses venaient de la bouche dun Jérém qui nassumait pas notre bonheur. Alors, je suis impatient dentendre la véritable réponse à cette question qui me taraude depuis le début de nos révisions, dentendre la réponse du véritable Jérém, celui qui na plus peur de ce quil ressent, qui ne se cache plus de lui-même, et de moi.
« Parce que
» il se lance, sans arriver au bout de son intention.
« Vas-y Jérém, dis-moi
»
« Parce que
parce que tu me faisais de leffet
».
« De leffet ? ».
« Javais envie de coucher avec toi
».
« Tu prévoyais déjà de coucher avec moi quand tas dit oui ? ».
« Je ne savais pas si on allait coucher
» puis, après une petite pause, il continue : « javais envie de voir comment tu réagirais si je te chauffais un peu
».
« Mais tu savais déjà que je te kiffais
».
« Oui, bien sûr
mais nous ne nous étions encore jamais retrouvés que tous les deux, sans personne autour
et chez moi, en plus
».
« Et tu pensais que chez toi, ce serait lendroit idéal pour me faire craquer
».
« Au rugby on le sait bien, quand on joue « à la maison », on a lavantage
».
« Petit coquin, va
».
« Pas plus que toi
».
« Depuis quand je te faisais de leffet ? » jai envie de savoir.
« Je crois que je tai remarqué le premier jour du lycée
».
« Et quest-ce qui ta plus chez moi ? ».
« Cest ton regard qui ma frappé
».
« Mon regard ? »
« Dans ton regard, jai vu que tu me kiffais à mort
jai de suite compris que tavais envie de moi
».
« Cest drôle que tu dises ça
parce que le premier jour, je nenvisageais même pas de coucher avec toi
».
« Cest ça
à dautres
».
« Je te promets
jétais tellement déboussolé que javais du mal à comprendre ce qui se passait
cétait la première fois que je ressentais un truc pareil
javais chaud, javais froid, javais la tête qui tournait, javais le souffle coupé, javais le cur qui tapait si fort que ça résonnait dans mon crâne et dans mon ventre
jétais déboussolé, perdu
je ressentais tellement de sensations, tant de sensations que je ne connaissais pas
cétait le bordel dans ma tête
et puis, jamais ça ne me serait venu à lesprit quun gars comme toi aurait envie dun mec
comme moi
alors, non, ce jour-là, je ne crois pas que javais envisagé de coucher avec toi
de toute façon, je ne sais même pas si à ce moment-là javais déjà envisagé de coucher avec un gars, tout court
».
« Tu ne savais pas que tétais attiré par les mecs ? ».
« Si, bien sûr que je le savais
mais je ne lavais pas encore assumé
cétait le bazar dans ma tête
je navais jamais encore vraiment réfléchi à ma sexualité
mais à linstant où je tai vu, et encore plus quand jai croisé ton regard, jai eu avant tout envie de tout savoir de toi
jamais je navais ressenti un truc aussi soudain et violent pour un gars
et jai tout de suite été jaloux des gars avec qui tu discutais dans la cour du lycée
».
« Jaloux ? ».
« Parce quils avaient la chance de te connaître, de passer du temps avec toi, de tentendre parler, rigoler, de te serrer la main, de te faire la bise
».
« Tu voulais être mon pote
».
« Oui, je crois que cest ça
je voulais être ton pote
bien sûr, je te trouvais beau comme jamais je navais trouvé beau un mec
je te trouvais canon, mille fois plus beau que moi
jadorais ton corps, ton visage, ton brushing, ton t-shirt noir qui tallait comme un gant
jadorais ton assurance, ton attitude de petit branleur, ta façon dêtre avec tes potes, ton sourire de fou
mais je crois bien que moi aussi, ce qui ma touché en premier, cest ton regard
enfin
juste après ton t-shirt noir et ton brushing de bogoss
».
« Quest-ce quil avait mon regard ? ».
« Je crois que dans ton regard jai vu ce truc que tu essayais de cacher
».
« Quel truc ? ».
« Le véritable Jérém
celui qui se cachait derrière ses airs de bobrun ténébreux et inaccessible
».
« C'est-à-dire ? ».
« Un gars qui avait juste besoin dêtre aimé
tu sais, Jérém
en ce premier jour de lycée, tu mas touché à un point que tu ne peux même pas imaginer
à partir de ce moment, je nai plus arrêté de penser à toi
et de te chercher partout, tout le temps
».
« Tu ne me quittais jamais du regard
».
« Tu ten es rendu compte ? ».
« Et comment jaurais pu passer à côté ? » il se marre « dès que je me tournais, je croisais ton regard
et même quand je regardais ailleurs, je le sentais sur moi, tout le temps
il me suivait comme mon ombre
».
« Cétait plus fort que moi
».
« Au début, ça magaçait un peu
mais très vite, ça a commencé à mintriguer
et ça me faisait du bien
».
« Et pourtant, tu savais si bien mignorer
parfois, jai même eu peur que tu viennes me casser la gueule
».
« Je faisais semblant de tignorer
parce que je ne voulais pas me faire repérer par les autres
ni par toi
parce que je voulais croire que je pouvais tignorer
jusquau jour
».
« Jusquau jour
? ».
« Jusquau jour où je me suis branlé
en pensant à toi
».
« Tu tes branlé
» je fais, incrédule.
« Cest arrivé pas mal de fois
».
« Quand ça ? ».
« Dès la seconde
».
« Pourtant tu couchais avec toutes les nanas qui te passaient à portée de queue
et tavais encore envie de te branler ? ».
« Si jai couché avec autant de nanas, cest aussi pour me convaincre que jétais
normal
».
« Tu te sentais attiré par dautres mecs ? ».
« Disons que certains gars me faisaient un effet que je narrivais pas vraiment à expliquer
notamment dans les vestiaires du rugby, sous les douches
».
« Tu étais attiré par des mecs beaucoup plus beaux que moi, alors
».
« Plus beaux, je ne sais pas
».
« Bien sûr que si
».
« Toi tu me faisais plus deffet que nimporte quel gars
».
« Ah, putain
je ne raconte même pas leffet que tu me faisais, toi
et le nombre de fois que je me suis branlé en pensant à toi
».
Nous nous prenons lun dans les bras de lautre, nous nous embrassons, nos corps nus se caressent, nos cheveux se mélangent, nous nous habillons lun de lautre.
Puis, après un long moment de silence et de câlins, les mots viennent tout seuls, elles sortent de ma bouche avec le naturel de lévidence, avec la simplicité de la vérité.
« Cétait tellement bon de te regarder en cours
ce que je ressentais pour toi était tellement fort
jétais bouleversé
je ressentais de lamour, du désir, de lenvie
tout ce qui rend heureux, quoi
cest grâce à ce que je ressentais pour toi que jai enfin compris que je ne serais jamais hétéro
en fait, cest grâce à toi que jai compris qui jétais
plus je tombais raide dingue de toi, plus je trouvais naturel de maccepter comme jétais
plus jétais amoureux de toi, plus je me sentais bien avec moi-même, plus je sentais quil ne pouvait y avoir aucun mal à aimer un gars
surtout, un gars comme toi
dès la seconde, jai réalisé que si un simple regard donne des frissons, si le cur bat la chamade, il ny a aucun mal à aimer
car lamour na pas de sexe
».
« Moi, cest en première que jai commencé à me demander comment je pourrais tapprocher
».
« Il aurait suffi dun mot, pourtant
».
« Je sais
mais javais peur que tu ne tiennes pas ta langue
et ça, je naurais pas supporté
».
« Et quand tu te branlais
tu pensais à quoi ? Tavais envie de quoi ? ».
« Javais envie de coucher avec toi, mais de pouvoir arrêter si ça me faisait sentir trop pd
je me disais que comme tu me kiffais un max, jaurais pu tirer mon coup et me tirer quand jen aurais envie
cest minable, je sais
surtout que, pendant trois ans, jai senti que tu avais envie de moi, mais aussi que tu étais amoureux
».
« Oui
jétais fou de toi, bien avant quon couche ensemble
».
« Je sais
et ça me faisait un bien fou de savoir que je pouvais inspirer un tel sentiment
».
« Il devait y avoir aussi pas mal nanas folles de toi
».
« Oui, cest arrivé
mais ça me faisait fuir sur le champ
alors que chez toi, ça ma touché
peut-être parce quon se cherchait et quon y arrivait pas
et aussi parce que, même si je ne tai jamais vraiment donné despoirs, ton regard nest jamais parti ailleurs
».
« Tu crois quen classe ils se sont rendu compte que tu me plaisais ? ».
« Bien sûr que oui
mais cest toi quils traitaient de pd, parce que moi je me tapais des nanas, et aussi parce que je faisais semblant de tignorer
en plus, en seconde, je me foutais de ta gueule avec les autres
».
« Mais quel petit con, quand-même
».
« Il fallait bien que je détourne lattention
cest pour ça aussi que jai couché avec autant de nanas
je voulais que personne ne se pose la moindre question sur moi
je ne voulais plus être moqué
je ne voulais surtout pas revivre ce que javais vécu dans mon adolescence
plus tard, vers la fin de la première, quand les camarades ont commencé à me faire une réputation de « serial baiseur », il mest arrivé de dire à certains gars darrêter de te casser les couilles
mais toujours discrètement, entre quatre yeux
».
« Et en même temps, tu avais déjà commencé à te demander comment coucher avec moi
».
« Oui
mais je ne savais pas comment taborder
je ne savais pas comment faire le premier pas, jaurais voulu que ce soit toi qui le fasses
».
« Tu ne savais pas comment faire le premier pas
taurais voulu que ce soit moi qui le fasses
cest marrant qui tu dises ça
tu avais lair tellement sur de toi, et de ton charme
moi aussi jaurais voulu que tu fasses le premier pas à ma place, parce que jétais timide et coincé, parce que javais peur et que je navais pas le physique, la carrure, lassurance, laura dun mec comme toi
cétait une
».
« Jai essayé de tenvoyer des signes, de tallumer
comme le soir de lanniversaire de Thomas
ou comme la fois où nous nous sommes retrouvés seuls, au bout des vignes, au retour du voyage en Italie
ce jour-là, jai vraiment cru que tallais craquer et me balancer que tavais envie de moi
».
« Mais tu aurais réagi comment si je tavais dit que javais envie de toi ? ».
« Je pense quon aurait couché ensemble
».
« Je nen suis pas sûr
».
« Tas raison, je ne sais pas comment jaurais réagi
» il admet, avec un petit sourire à faire fondre le soleil lui-même.
« On aurait vraiment pu se rater pour de bon
» je considère.
« Pendant les vacances scolaires de février dernier, jai commencé à me dire quon ny arriverait pas
».
« Moi pareil
cest pour ça que je tai proposé de réviser
».
« Tavais vraiment très envie
» il se moque.
« Mais je voulais vraiment taider à réviser, je tassure
quand je tai vu prendre encore une mauvaise note en math, jai vraiment eu peur pour ton bac
déjà que ça nallait pas fort dans dautres matières
».
« Pourquoi, tu surveillais mes notes ? ».
« Autant que les miennes
je savais où tu avais la moyenne, et où tu ramais sévère
et je savais que les maths cétait pire que tout
».
« Alors ce nétait pas que pour coucher avec moi que tas proposé de réviser ? ».
« Bien sûr que javais envie de coucher avec toi
mais javais aussi envie de taider, vraiment
je ne voulais pas que tu rates le bac
».
« Cest gentil
même si franchement
moi je men foutais de réviser
parce que je me foutais du bac
je pensais que je men tirerais d'une manière ou d'une autre
par contre, javais trop envie de toi
».
« Ah, ben
tas bien caché ton enthousiasme, alors
je me souviens très bien de ta réponse
cétait un truc du style : « si tu veux »
comme si tu ten foutais complet
».
« Je ne voulais pas te montrer à quel point ça me faisait plaisir
».
« Javais tellement peur que tu me jettes
jen tremblais
je crois même que je bégayais
».
« Oui, tu bégayais
et cétait tellement mignon
».
« Je métais dit : ou ça passe ou ça casse
de toute façon, je navais plus rien à perdre
mais au fond, je ne croyais pas que je coucherais avec toi
jai même failli ne pas venir à la première révision
».
« Et pourquoi ? ».
« Si tu savais comment jétais nerveux
lidée de me retrouver seul avec toi me terrifiait
».
« Moi aussi jétais nerveux pendant que je tattendais
».
« Je ne le crois pas
».
« Si, je te promets
».
« Là aussi, tas bien caché ton jeu
».
« Tétais tellement nerveux que du coup jai senti que je pouvais y aller franco
et jai repris la main
».
« Tas surtout pris la mienne pour la mettre sur ta queue
».
« Jai cru que tallais faire un malaise
».
« Jai bien failli
».
« Tas dû me prendre pour un barje
».
« Jai été un peu surpris, mais jai vraiment kiffé
».
« En tout cas, merci de mavoir aidé à réviser
».
« Mais je nai pas fait grand-chose
on a passé plus de temps à senvoyer en lair quà travailler
».
« Tu sais, même si je ne te lai pas vraiment montré, jai quand même écouté un peu de ce que tu racontais
javais même un technique pour retenir
».
« Quelle technique ? »
« Associer tes explication avec les souvenirs de nos sauteries
».
« Petit coquin, va ! » je me moque, trouvant lidée à la fois marrante et bandante.
« Tu as été un super prof
».
« Tu ne mas pas vraiment simplifié la tâche
».
« Pourquoi, ça ? ».
« Parce que tu faisais tout ce que tu pouvais pour me foutre le cerveau en vrac
tes t-shirts moulants, tes pecs, tes abdos, ta peau mate, ton sourire, ton déo, ta queue tendue
tavais bien compris comment me rendre dingue
».
« Javais autant envie de toi que toi de moi
».
« Pourtant tu as continué à coucher avec des nanas
».
« Il fallait que je sauve les apparences
et il mest arrivé de coucher avec une nana et de penser à toi
et ça me faisait venir très vite
parce quen vrai, je ne pensais quà coucher avec toi
javais tout le temps envie de gicler entre tes fesses
».
« Et tu ne tes pas privé
».
« Cest tellement bon
jamais je navais pris autant mon pied
cétait encore meilleur que ce que javais imaginé
» fait-il, tout en posant des bisous dans le creux de mon épaule.
« Et pourtant tu étais si dur avec moi
».
« Plus je sentais que je devenais accroc à nos « révisions », plus ça me faisait peur
quand jétais excité, la peur disparaissait
mais dès que javais joui, la peur de devenir « pd » me rattrapait
cest con, mais plus je prenais mon pied avec toi, plus javais besoin de me convaincre que je pourrais men passer
alors, toi non plus tu ne mas pas rendu la tâche facile
».
« Pourquoi, ça ? ».
« Parce que tu taccrochais
tu voulais davantage que du sexe
ça, cest le truc qui ma toujours fait prendre mes jambes à mon cou avec les nanas
et ça a failli le faire avec toi aussi
mais je nai pas réussi
».
« Et pourquoi tu nas pas réussi ? ».
« Avant de commencer les révisions, je ne te connaissais pas du tout
en trois ans, on navait presque jamais parlé
mais pendant les révisions, jai découvert que tu étais vraiment un gars adorable
».
« Casse-couilles, mais adorable
» il ajoute, moqueur.
« Tétais pas casse-couilles, toi
» je fais semblant de moffusquer.
Pour toute réponse, mon doux Jérém me fait plein de bisous dans le cou.
« Tu me manquais tout le temps, tu me manquais tellement
» je me lâche « tu me manquais même quand jétais chez toi
parce que javais envie de te prendre dans mes bras et de ne plus jamais partir de ta piaule
jétais tellement bien quand jétais avec toi
».
« Moi aussi jétais bien quand tu étais là
et pourtant
tout ça me faisait très peur
du coup, jai voulu te mépriser pour ne pas mattacher à toi, et jai voulu te faire chier pour tempêcher de tattacher à moi
javais peur quun jour tu me laisses tomber
».
« Tes fou, toi
comment jaurais pu te laisser tomber, alors que jétais fou de toi ? ».
« Tu sais, cétait pareil avec les nanas
je les quittais pour ne pas me faire quitter
je me suis comporté comme un vrai connard
avec elles, avec toi
dailleurs, je ne comprends même pas comment tas pu tattacher à moi, alors que jétais horrible avec toi
jen étais même arrivé à penser que tu aimais ma brutalité
».
« Je ne tai jamais aimé pas pour ta brutalité, mais malgré ta brutalité
si jai tout accepté de toi, et peut-être trop, cest parce que javais la trouille de me rebiffer
javais tellement peur que tu me jettes pour de bon, quil ny ait plus de révisions
et puis tu étais si sûr de toi, sûr de ce que tu voulais et de ce que tu ne voulais pas
jétais tellement naïf, tellement inexpérimenté
comment faire le poids face à un mec comme toi, un mec qui mimpressionnait de ouf ? Je manquais trop de confiance en moi pour te tenir tête
alors, jai pris sur moi, jai attendu que tu te rendes compte à quel point cétait génial entre nous
».
« Jai toujours aimé quand tu me tenais tête
»
« Ce nest pas arrivé souvent
».
« Mais cest arrivé quand même
ça me faisait chier mais j'aimais bien
taurais dû me secouer davantage
» il se marre.
« Je ne voulais pas te perdre
et dune certaine façon, jai eu raison
si je tavais trop pris la tête, tu aurais foutu le camp pour de bon, et je naurais jamais connu le bonheur quon vit ensemble depuis hier
».
« Tu as été génial, Nico, dès notre première révision
».
« Tu sais, à notre première révision, jétais puceau
».
« Je me doutais que tu létais, et je kiffais lidée dêtre ton premier
».
« Moi aussi je kiffais lidée que tu sois mon premier
».
« Pour ta première fois tu aurais mérité mieux que ce que je tai proposé
».
« Cétait bon
».
« Jai été horrible avec toi
jai fait ce que javais envie et je tai jeté
».
« Ça a été comment ta première fois ? » je le relance, intrigué.
Jérém ne répond pas tout de suite, et je lentends déglutir bruyamment.
« Oublie ma question
» je tente de rattr le coup, en pensant soudainement à lépisode que Thibault mavait appris quelques semaines plus tôt, à cette branlette sous la tente pendant leur adolescence. Je ne veux pas prendre le risque de gâcher ce moment en le forçant à parler dun sujet sensible. Aussi, je nai pas envie de raviver une jalousie que jaurais du mal à maîtriser. On aura le temps de parler de Thibault, plus tard. Peut-être.
« Si, je peux te répondre
ça na pas été vraiment génial
javais quinze ans, elle avait quelques années de plus que moi
je lai rencontré au KL
et on est allés chez elle
».
« Et ça sest pas bien passé ? ».
« Déjà me foutre à poil devant elle a été dur
».
« Alors, ça
quand je pense à comment tu tes foutu à poil devant moi la première fois
».
« Javais pris un peu dassurance depuis
et puis, avec toi je me sentais à laise
mais ce soir-là, cétait pas vraiment ça
je faisais le beau mais je me sentais toujours complexé par mon physique, à cause des moqueries que javais pris dans la gueule au collège
en plus, javais pas mal bu, et javais peur de ne pas y arriver
jétais tellement gauche
».
« Jai du mal à timaginer gauche dans un pieu
».
« Et pourtant
je stressais à mort
et plus je stressais, plus javais du mal à bander
».
« Tavais envie delle ? ».
« Je ne sais même pas
je crois surtout que javais envie de ne plus être puceau
quand elle a enfin réussi à me faire bander, le temps quelle me passe la capote, ma bite était à nouveau à moitié retombée
jai quand même réussi à la prendre
jai commencé à la baiser, mais javais limpression quelle ne ressentait rien
je me disais quelle avait du coucher avec des mecs mieux montés que moi
».
« Mais tu es bien monté
».
« Javais dans la tête les images de mecs dans les pornos, avec des bites pas possibles qui bandent de ouf, pendant des heures
jétais aussi complexé par rapport à mon pote Thomas, le mec le mieux monté dans les vestiaires
pendant que jessayais de baiser cette nana, je me disais quelle avait du coucher avec des mecs avec plus dexpérience, qui lavaient faite jouir
».
« On ne peut pas démarrer et avoir de lexpérience
».
« Cest vrai
mais jai carrément fini par débander
je suis sorti, et je nai jamais pu y revenir
ça a été terriblement humiliant
surtout que je lavais chauffée en boîte et que je lui avais laissé entendre quil y aurait des étincelles sous les draps
tu parles
ça a été la cata
».
« Quand je pense à létalon que tes devenu depuis
».
« Elle ma dit : « Cest pas grave
»
mais ça a été horrible de me retrouver à poil devant elle, la capote collée à ma nouille molle
javais peur quelle se moque de moi
».
« Jaurais tellement aimé être le premier à te donner du plaisir
jamais je ne taurais laissé partir sans tavoir fait jouir
ça aurait pris le temps que ça aurait pris, mais tu aurais eu ton premier orgasme de mec, cest moi qui te le dis ! ».
« Tes mignon, Nico
».
« Toi aussi, Jérém
».
« Ça mavait trop sapé le moral
pourtant, jai raconté à tous mes potes que cétait génial
après ça, jai commencé à imposer mes règles avec les nanas
on baise et tchao
et je me suis bien rattrapé depuis
si jai enchaîné les nanas, cétait aussi pour oublier cet échec
mais je crois que cest avec toi que jai vraiment oublié
».
Soudainement, je me rends compte que quelque chose est en train de se passer sous les draps : la queue de mon bobrun se dresse peu à peu. Je porte ma main dessus et je commence à la caresser. Nos regards se croisent.
« Jai envie de toi
» il me chuchote à loreille.
« Tu as envie de quoi ? ».
« Jai envie de te faire lamour
» il me chuchote tout près de loreille, en laissant son souffle chaud et chargé de testostérone glisser sur mon oreille et exciter tout mon être.
« Jen ai envie aussi
».
« Jai envie de gicler dans ton magnifique petit cul
».
Jadore limage, et jadore sa façon de formuler. Ce mec me rend dingue.
« Mais fais-toi plaisir
jen ai trop envie aussi
».
Depuis deux jours, depuis nos retrouvailles, lamour avec Jérém est intense et doux à la fois : le sentir prendre son pied en moi, avec moi, cest la sensation la plus incroyable que je naie jamais ressentie ; le voir, le sentir jouir en moi, cest lapothéose ; et jouir en même temps que lui, parce que sa main ma branlé avec un timing parfait, cest indescriptible.
Après lamour, nous nous endormons lun dans les bras de lautre, repus, heureux.
[NOUVEAU ! Regardez une minute de vidéo pour m'aider sans dépenser un centime!
Bonjour à tous, voici le nouvel épisode de Jérém&Nico. Jai des retours très positifs de cette nouvelle phase de lhistoire, nhésitez pas à me faire part de vos impressions.
Comme toujours, si vous aimez mon travail écriture, vous pouvez maider en faisant un tip unique ou mensuel, à partir de 1 euro, sur tipeee.com/jerem-nico-s1.
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Cliquez sur l'image suivante et suivez la direction de la flèche !
Je compte sur vous. Merci davance. Fabien]
Lorsque nous nous émergeons, Jérém se dégage doucement de notre étreinte, me fait un bisou, il se lève et remet du bois dans la cheminée. Il passe son t-shirt blanc et il allume une cigarette quil fume au coin du feu. Je ne me lasse pas de le regarder, de tenter de capter chaque infime parcelle de sa beauté, de sa virilité, de sa douceur, de son existence. Chaque instant passé à côté de lui est un cadeau du ciel.
« On mange quoi ce soir ? » fait le bogoss de but en blanc.
« Tas déjà faim ? ».
« Oui
».
« Mais il nest que quatre heures
».
« Il faut quon aille faire des courses
».
« Il faut quon aille faire des courses
» : voilà une phrase, encore une, que je naurais jamais cru entendre un jour de la bouche de mon Jérém ; une phrase en apparence anodine, mais qui contient pour moi tant de significations, dimages, despoirs et de bonheur. Car, même si jimagine bien que nous nirons pas faire les courses main dans la main, cest bon de penser que Jérém est prêt à se montrer en public avec moi. Et lidée de la balade à cheval du lendemain avec ses potes de la montagne se charge dautant de significations, et elle me rend encore plus heureux.
Vraiment, ce mec ne cesse de me surprendre, de mimpressionner ; jaimerais tellement trouver le moyen de limpressionner à mon tour. Certes, jen oublie à quel point le fait daller le rejoindre à Campan a pu toucher mon bobrun : mais je voudrais lui montrer quelque chose auquel il ne sattend vraiment pas.
Pendant que je mhabille, une idée saffiche soudainement dans mon esprit, une idée pour « en mettre plein la vue » à mon bobrun. Lidée consiste en un plat que je connais bien et que jai fait assez souvent avec maman : voilà, cest ça quon va manger ce soir. Je suis certain quil va aimer.
« Tas des pommes de terre ? ».
« Pour quoi faire ? ».
« Un truc à manger
».
« Quel truc ? ».
« Tinquiète
tu as des pommes de terre, oui ou non ? ».
« Oui
oui
oui ! Texcites pas ! ».
« De la farine ? ».
« Aussi
».
« Des ufs ? ».
« Non, des ufs, je nen ai pas
».
« Il faudra aussi du beurre, du fromage et de la sauce tomate
».
« Tu veux faire quoi ? ».
« Des gnocchis
».
« Ah bonne idée
tu sais faire ça ? ».
« Oui, je crois
».
Jérém fait la moue, en forçant le trait, comme un gosse, et il est à craquer.
« Tu me fais confiance ? ».
« Est-ce que jai le choix ? ».
« Non
».
Notre complicité me remplit de bonheur. Oui, les choses les plus banales de la vie deviennent de suite magnifiques dès lors qu'elles sont partagées par deux personnes qui s'aiment.
Nous descendons au village dans la 205 rouge de Jérém. Quel bonheur de retrouver sa voiture, de retrouver Jérém au volant, de voir son sourire, de sentir son regard doux et amoureux se poser sur moi. Et quel bonheur daller faire les courses avec mon Jérém, alors que mon corps vibre toujours de lécho de ses coups de reins, que je suis rempli de son jus, et ivre de son amour.
La superette est située à côté de la mairie, dans un petit espace pas plus grand que la petite maison de Jérém. Nous rentrons et mon bobrun fait la bise à la vendeuse, une dame blonde dune cinquantaine dannées au grand sourire, et qui minspire de suite un élan de sympathie.
« Salut bogoss » elle sadresse à mon Jérém, tout en le serrant dans ses bras « tu vas bien ? ».
« Bien bien et toi ? Lui cest Nico, un pote du lycée
».
« Bonjour Nico
».
« Au fait
tas vu que je tai laissé du pain ce matin ? ».
Ah, cest donc elle qui sest pointée ce matin à la maison en pierre, pendant que nous faisions lamour.
« Oui, jai vu
».
« Tétais pas à la maison
».
« Si
je dormais encore
».
« Ah, ces jeunes
».
Jérém continue les présentations.
« Martine est aussi cavalière
au fait, demain tu viens faire la balade avec nous ? ».
La nana a une voix étonnante, qui tape dans les aigus et dans les graves, sans grand-chose entre les deux. « Si Jean-Pierre veut bien me remplacer
».
« Tu te casses et il sera bien obligé de tenir la boutique
».
« Tu sais, il est capable de la laisser fermée
ou de la laisser ouverte sans personne à la caisse
» elle le marre, avec un rire sonore, musical et contagieux.
« Allez, tu vas bien pouvoir te libérer
il va y avoir presque tous les cavaliers de lABCR
en plus, je compte sur toi et Charlène pour briefer Nico
».
« Il monte aussi ? ».
« Oui, je lui donne Téquila
».
« Tas déjà fait du cheval ? » elle me demande.
« Non, jamais
».
« Et toi tes sûr que tu veux le faire randonner avec une vingtaine de cavaliers pour sa première balade ? » elle interpelle Jérém.
« On fera attention
on restera derrière
avec Téquila, il ne risque rien
».
« Cest vrai que cette jument est plus proche du cheval à bascule que dun pur-sang
».
« Texagères
».
« A peine
».
Une cliente arrive en caisse pour payer. Je reconnais cette dame. Cest la même grosse dame qui a traversé la halle la veille, en faisant de gros yeux, pendant que nous nous embrassions. La dame aussi nous a reconnus : je surprends son regard sur moi, avant quil ne glisse ailleurs, dès que le mien se pose sur elle.
« Allez, on va faire quelques courses
» fait Jérém « rendez-vous demain matin à 9h00 chez Charlène
sans faute ! ».
« Oui, je pense que jy serais
» elle conclut avec son sourire contagieux.
Jérém avance dans la rangée détalages. Lorsque nous sommes à bonne distance, il me demande :
« Cest pas la dame qui nous a vus hier sous la halle ? ».
Jérém a lair un brin inquiet.
« Oui, je crois
tu crois quelle va kafter avec ta copine ? ».
« Je nen sais rien
» fait-il, tout en regardant la grosse dame en caisse « jespère quelle va soccuper de ses oignons
».
Non, Jérém nest pas encore prêt à assumer notre bonheur au grand jour. Même si je suis un brin déçu, je me dis que ce que lon est en train de vivre est déjà énorme, et que les choses se feront avec le temps. Et puis, est-ce que je suis moi-même prêt à assumer mon bonheur avec lui au grand jour ?
Et puis, même si nous avons été un brin imprudents hier sous la halle, cest à nous de décider quand, comment, et avec qui nous nous afficherons. Le vol de coming out est parmi les vols les plus insupportables.
Mais déjà la grosse dame quitte la superette, accompagnée par les gestes, les mots et les rires bienveillants de Martine.
La superette ne comporte que deux allées, il ne nous faut pas plus de deux minutes pour trouver ce dont nous avons besoin ; dans langle mort entre les deux allées, Jérém me passe la main dans les cheveux, et je fonds.
Lorsque nous revenons en caisse, Martine est en train de discuter de façon animée et bruyante avec une dame autre femme un peu enrobée, avec les cheveux mi longs, en bouclettes, dune couleur indéfinie entre un blond qui nest plus et un gris qui nest pas encore. La dame porte un pantalon de cheval, des boots et un pull ample, qui un jour lointain a certainement dû être neuf. La dame a un rire encore plus sonore que celui de Martine, et les deux semblent très copines, très complices.
La nouvelle venue est de dos par rapport à nous, et son gabarit nous cache de la vue de Martine ; ce qui fait que nous pouvons approcher de la caisse sans être aperçus jusquà la dernière minute. Et là, à ma grande surprise, je vois mon Jérém aller chatouiller le cou de la dame inconnue. Cette dernière se retourne, surprise, mais amusée : et lorsquelle réalise quil sagit de Jérém, elle lâche un :
« Petit con ! » bien claquant, avant de le prendre dans ses bras et de lui claquer deux bises bien sonores.
Lorsquil arrive à se dégager de son étreinte, Jérém fait les présentations.
« Voilà Charlène
Charlène cest ma copine, ma sur, ma mère, et parfois même ma grand-mère
».
« Petit con, va ! » fait elle, tout en rigolant.
« Nous avons parlé de notre reine Charlène et elle est venue à nous
» se moque Martine.
« Lui cest Nico, un camarade du lycée
».
« Salut, Nico
» elle me salue, en me claquant deux bises bien sonores.
« Je lui ai proposé de venir à la balade demain
je vais lui filer Téquila, et je lui ai dit que tu veillerais sur lui
».
« Tes gentil, mais jai déjà du mal à veiller sur moi-même
» elle se marre.
« Elle est en état de randonner, Téquila ? Elle nest pas trop grasse ? ».
« Ben, elle nest pas maigre
tas quà passer la voir tout à lheure
».
« Ok, on vient maintenant
dépêche-toi de faire les courses au lieu de piailler avec Martine
».
« Eh, on piaille tant quon veut ! » fait cette dernière, du tac au tac.
« Qui cest qui a fait le tracé de la rando ? » demande Jérém.
« Cest Loïc
» fait Charlène.
« Au fait, il va venir faire la rando avec Sylvain ? » demande Martine à Charlène.
« Je crois, oui
».
« Et Florian est au courant ? ».
« Je pense
».
« Il ne doit pas vraiment vivre bien tout ça
».
« Je ne crois pas, non
».
« Tas de ses nouvelles ? ».
« Pas vraiment
il faudrait que je lappelle
».
« Quand je pense comment ils étaient bien ensemble, ces deux-là
».
« Tu sais, cest comme dans toutes les couples
si on ne prend pas garde, la flamme séteint dune part ou dautre
et aussi, vivre ensemble et travailler ensemble, cest pas évident
cest exactement comme pour les couples homme femme
».
« Je ne peux pas mempêcher de penser que si Sylvain navait pas été dans le tableau, Loïc et Florian auraient trouvé le moyen de surmonter leur crise et ils seraient peut-être encore ensemble
».
« Je le pense aussi
le problème des « si », cest quon ne pourra jamais savoir
» conclut Charlène.
« Allez, on va y aller
» décrète Jérém, lair soudainement impatient de partir.
Avant de payer, il achète également des chewing-gum ; il men propose un, et il en gobe un deuxième, quil commence à mâcher dune façon très sexy, avec des mouvements de mâchoire lents et bien virils.
La route qui mène à la pension de Charlène est bordée par des clôtures en ruban blanc délimitant des paddocks en pente, enfermant chacun un à deux chevaux aux robes de couleurs différentes. Jérém est tout excité à lidée de retrouver son « Unico ».
« Tu connais les gars dont elles parlaient ? » je ne peux mempêcher de lui demander.
« Pas plus que ça
ils sont arrivés dans la région il y a trois ans, je crois, et les dernières années je ne suis pas venu souvent randonner avec lasso
et comme eux non plus ils ne randonnent pas toujours, on a du se croiser une ou deux fois max
».
« Jai bien compris ? Loïc et Florian étaient ensemble et Loïc vient de quitter Florian pour se maquer avec ce Sylvain ? ».
« Il paraît
Charlène men a parlé lautre jour quand je suis arrivé
».
Jérém semble mal à laise vis-à-vis de cette histoire, il semble gêné. Je voudrais savoir ce quil ressent, ce quil pense dun couple de mecs qui ose vivre ensemble, travailler ensemble, safficher au grand jour. Je voudrais savoir sil est prêt ou sil sera prêt un jour à assumer notre relation en dehors de lintimité. Mais je nose pas.
Dix minutes plus tard, nous arrivons à un corps de ferme sommairement entretenu au niveau du bâti, mais entouré dun joli jardin fleuri. Nous contournons la maison et nous nous garons devant une clôture en bois ; Jérém trace vers les prés et faisant fi de la boue, de plus en plus impatient de faire de nouvelles présentations.
« Voilà le plus beau cheval du monde, mon « Unico »
comme son nom lindique, il ny en a pas un autre comme lui
».
Létalon Unico est en effet une très belle bête : il est brun, très brun ; il fait une bonne taille, il est musclé, il a le regard intense, il a fière allure, il dégage de la puissance, de la jeunesse, chaud : bref, il est parfaitement raccord avec son cavalier.
« Ce cheval est comme toi
il est unique
» je considère.
« Cest toi qui es unique, Nico
dailleurs
il sappelle presque comme toi
Nico
Unico
Nico
U-Nico
».
« Comme ça tu penseras à moi à chaque fois que tu le monteras
».
« Jai pensé à toi à chaque fois que je lai monté depuis que je suis ici
» fait Jérém tout bas, alors que Charlène approche.
Merci Unico davoir contribué au fait que Jérém pense à moi.
« Tas vu Téquila ? » fait-elle.
« Non, on va la voir maintenant
».
Nous nous déplaçons le long de la clôture, jusquà un enclos enfermant un cheval à la robe brune.
« Voilà, Nico, je te présente Téquila
cest elle qui va te porter demain
».
Téquila est une jument
en forme de barrique. Cest un animal qui a des formes généreuses. Elle est plutôt trapue, elle a un ventre assez impressionnant, mais elle respire le calme, sa présence est rassurante. Difficile dimaginer que létalon puissant quelques paddocks plus loin est son rejeton. Téquila approche du fil électrifié et vient me caresser lépaule avec son gros museau. Elle a lair toute gentille et je la caresse à mon tour.
« Ça y est, elle ta adopté
» fait Jérém.
Je lui souris, assez fier de moi.
« Alors, quest-ce que ten penses ? » linterroge Charlène.
« Je pense que papi a choisi le bon étalon pour la faire pouliner
».
« Ah oui, cétait pas gagné
mais elle ta fait un superbe poulain
».
« Cest un étalon désormais
».
« Cest vrai
alors, tu penses quelle va pouvoir randonner ? ».
« Oui, elle est bien enrobée, mais ça va aller
les pieds sont en état
».
Charlène nous propose un thé. Dans la grande cuisine au papier peint suranné et au plafond noirci, il y a de tout, partout : les toiles daraignées sont tellement développées quon dirait des guirlandes ; sur la grande table, il y a toute sorte de bouquins, des harnachements de cheval, du courrier en vrac, une gamelle avec des croquettes pour chats. Bref, lintérieur de la maison est à limage de lextérieur, il semble témoigner de la nature profonde de sa propriétaire, une nature qui privilégie le vivant plutôt que le ménage.
Charlène sort une lourde théière en fonte dans laquelle elle fait longuement infuser des feuilles de thé. Cest la première fois que je fais lexpérience dun « vrai thé », boisson que, sur conseil de Charlène elle-même, jédulcore non pas avec du sucre mais avec une petite cuillère de miel : et il faut bien admettre que ça na pas du tout le même goût que le thé en sachet. Cest même très bon !
Jérém et Charlène discutent de la randonnée du lendemain, de leurs potes cavaliers, de chevaux ; leurs discussions me plongent dans un monde inconnu structuré autour de léquidé. Le simple fait de découvrir Jérém dans ce nouveau décor, me fait vibrer. Je suis impatient dêtre à demain pour découvrir de plus près cette communauté à part, réunie autour dune passion commune.
Charlène est une dame joviale, mais au regard vif et pénétrant ; au fil des échanges avec Jérém, je me fais delle lidée dune nana à lesprit très jeune, très rigolote, et dune profonde gentillesse. Je me rends compte également de son rapport privilégié et de sa complicité avec mon bobrun, ainsi que de son extrême bienveillance vis-à-vis de ce gars quelle a vu grandir.
Je me dis que lamour que Charlène témoigne à mon Jérém est une très bonne chose, tout comme lest le fait que cette nana, tout autant que sa copine Martine, na aucun problème avec lhomosexualité ; je me dis que, entouré par cet environnement bienveillant, mon bobrun pourrait enfin commencer à assumer qui il est. Car, jen suis certain, ni Charlène di Martine ne le rejetteraient pas si elle « savaient ». Le tout cest que Jérém comprenne cela. Et apparemment, ce nest pas encore tout à fait le cas.
« On va te laisser, Charlène
on va chercher du fromage chez Benjamin
».
« Tu lui passeras le bonjour de ma part
».
Me revoilà dans la voiture de Jéré, nous voilà repartis sur une petite route de montagne.
« Fais un bisou
» me lance le bobrun, en tournant son visage vers moi, lors dune rare ligne droite.
Je lui claque un bisou sur les lèvres et il me sourit. Il est indiciblement beau et adorable.
« Elle est sympa Charlène
» je lance.
« Je te lavais dit
je ladore
».
« Elle aussi elle taime beaucoup
».
« Elle est géniale
».
Nous arrivons dans une autre ferme, bien mieux entretenue que celle de Charlène. Un grand panneau coloré indique : Vente de fromage à la ferme.
Un gars vient nous accueillir. Le mec doit avoir une trentaine dannée, et il est plutôt gaillard : je mettrais ma main à couper que sous ses fringues un pull à capuche enveloppant un torse massif, un pantalon de travail moulant un fessier rebondi se cache un joli physique de rugbyman. Le mec arbore une barbe bien fournie, brune avec des reflets rouquins.
Tout chez ce mec respire la solidité, la puissance, la virilité. Dans son regard, cette flamme que seuls possèdent certains gars de la montagne, une flamme qui est un mélange de caractère, de volonté, dauthenticité, dattachement à la terre, de pudeur et de fierté. Et de solitude. Cest le charme du terroir, le charme AOC.
Jérém fait les présentations. La poignée du gars me surprend, elle est franche, puissante, sa main est une paluche aussi impressionnante que celle de Thibault ; son regard aussi me surprend, il accroche le mien, senfonce dedans, comme sil arrivait à lire en moi. Cest assez troublant. Et en plus le gars a un bon accent du coin, ce qui rajoute du craquant au charme.
« Toujours au taf ? » se moque Jérém.
« Men parle pas
depuis que je livre en grande surface, je narrête plus
».
« Ça se passe bien ? ».
« Travailler avec la grande distri, cest un calvaire
».
« Pourquoi, ça ? ».
« Parce quils ont des voyous au service achat qui passent leur temps à étudier comment grapiller le moindre centime, comment retarder les paiements
».
« Et tu ne peux gueuler un bon coup ? ».
« Gueuler, cest se faire déréférencer, disparaître des rayons du jour au lendemain
».
« Pas simple tout ça
».
« Bon, même si le rapport de force est déséquilibré, jarrive quand-même à écouler une bonne partie des yaourts et des fromages avec mon étiquette à moi
cest un marché de niche sur des produits de qualité, ce qui me met en partie à labri de leurs promos à la con
».
« Toujours le prix le plus bas
».
« Le prix le plus bas ne veut rien dire
en général, derrière un prix bas, il y a un producteur ou une filière entière qui souffre
il faudrait un prix juste, et un prix juste est celui qui garantit un partage équitable de la valeur ajoutée du produit du producteur au détaillant
quand il y a des promos, la plupart du temps cest le producteur qui assume le coût de la promo et la grande surface qui se fait mousser
bon assez parlé du taf
vous restez pour lapéro ? ».
« Non, cest sympa mais on va te laisser bosser
en revanche, sil te reste du fromage
Nico a trouvé quil est à tomber
».
« Venez avec moi
».
Le bomâle barbu nous fait visiter la cave daffinage. Dès quil ouvre la porte, je suis percuté de plein fouet par un intense bouquet dodeurs de moisissures nobles, darômes ronds, onctueux : un bouquet entêtant de fromage en train de reposer et de bien vieillir.
De centaines de petites meules à la croûte grise-marron sont disposées, rangées au cordeau, sur des lattes en bois fixées sur des étalages : cette pièce respire la rigueur, lamour pour le travail bien fait, le produit de qualité, une qualité qui découle avant tout de la passion pour le métier.
« Cest vraiment bien ce que vous avez fait, cette cave est magnifique
».
« Merci
la transformation de la cave ma donné beaucoup de travail, mais jen suis content
».
« Tu peux, mon pote
» fait Jérém, et tapotant affectueusement lépaule du gars.
« Je suis sûr quun jour tu feras la même chose avec la cave viticole de ton père
».
« Non, je ne crois pas
nous ne nous parlons même plus
».
« Amuse-toi à Paris, autant que tu peux
mais je pense quun jour tauras envie de rentrer chez toi
».
« Ça métonnerait vraiment
je pense quil y a plus de chances que ce soit Maxime qui reprenne
».
« Celui-ci il a deux mois
» enchaîne le bobarbu, tout en saisissant une tomme « cest mon produit phare, il a un goût de noisette très prononcé, ça se mange sans faim
» ; puis, en nous indiquant létagère juste à côté, il continue : « sinon, celui-ci il est un peu plus vieux, il a 4-6 mois
il a un goût plus prononcé, qui tient davantage en bouche
il faut impérativement laccompagner dun verre de Saint Mont
».
« Je crois que Nico préfère le plus affiné
même sil laccompagne avec du Jurançon
».
« Essaie avec le Saint Mont, tu verras
» fait Benjamin en se saisissant dun fromage et en sacheminant vers la sortie.
La petite meule atterrit sur un billot en bois et le gars en coupe deux bons quartiers. Il nous en file deux fines tranches pour dégustation. Dès que la pâte bien ferme et onctueuse rentre en contact avec mes papilles, elle déclenche illico une sorte dorgasme gustatif. Ah putain, quest-ce que cest bon !
« Vous êtes sûrs que vous navez pas le temps pour lapéro ? ».
« Il faut que jaille à Bagnères pour écouter si jai des messages
jattends un coup de fil de Paris
».
« Ah, oui, cest vrai que tes devenu une vedette
» se moque gentiment Benjamin.
« Pas encore
mais ça ne saurait tarder
».
« Jai toujours su que tu serais pro un jour
».
« Jai eu de la chance
».
« La chance ça na rien à voir
tu es un bon, Jé
cest tout
».
« Allez, dis-moi combien je te dois
».
« Rien du tout
».
« Ne déconne pas
».
« Tu me trouveras des tickets pour tes matchs
».
« Promis
».
« Et ton pote Thibault va bien ? Il doit être super content davoir été recruté par le Stade
».
« Il est content, oui
».
« Et il en pense quoi de la nouvelle direction ? ».
« Tu sais, depuis nos recrutements, on a eu du pain sur la planche
entre mes déplacements à Paris et ses entraînements, on ne sest pas trop vus dernièrement
et après, il y a eu mon accident
».
« Ah, quel con, je te jure
tu te fais recruter par un club pro de la capitale et tu te bats la veille de ton départ
».
« Javais un peu trop bu et je suis tombé sur un connard
».
« Fais gaffe à toi, Jé
».
« Benjamin est vraiment un bon gars
» me lance Jérém dans la voiture.
« Dune certaine façon, il me fait penser à Thibault
» je ne peux mempêcher de commenter.
« Cest pas faux
».
Je me demande toujours comment on va pouvoir aborder le sujet Thibault et même si cest une bonne chose de laborder. Je sais que jai besoin de le faire, mais jai peur de le faire.
Nous arrivons à Bagnères, Jérém se gare au centre-ville et sort de la voiture pour fumer et écouter ses messages. Je le vois discuter et rigoler au téléphone : il est beau, beau, beau. Et il est à moi. Je narrive toujours pas à la croire. Il revient quelques minutes plus tard, le visage illuminé dun sourire attendri et attendrissant.
« Tas le bonjour de mon frérot
».
« Ah, merci
tu lui passeras le bonjour de ma part
»
« Il était content quand je lui ai dit que tétais là
».
« Cest vrai ? ».
« Oui, cest vrai
il ma même dit de te dire de me tenir à lil pour mempêcher de faire des conneries
».
« Ton frérot est vraiment adorable
».
« Il est incroyable
».
« Alors, tavais des nouvelles de Paris ? ».
« Non, rien pour linstant
».
De retour à la maison après les courses, nous épluchons les pommes de terre et nous les mettons à cuire dans une casserole remplie deau, sur la gazinière à bois que Jérém vient dallumer.
Puis, nous nous allongeons sur le lit, devant le feu que Jérém vient de raviver, et nous nous embrassons fougueusement, longuement, inlassablement.
Je suis insatiable du contact avec sa bouche, avec son corps, avec ses mains qui me caressent doucement, avec sa peau et ses cheveux que mes mains caressent fébrilement ; et mon bobrun semble tout aussi insatiable que moi.
Tout en continuant à lui rouler des pelles à la pelle, je dégrafe le zip de son pull à capuche gris, je fais basculer les deux pans derrière ses épaules, je fais glisser les manches le long de ses bras ; son t-shirt blanc se dévoile, avec ces manchettes tendues qui calibrent ses biceps, avec ce tissu immaculé qui jauge le relief de ses pecs.
Son sourire est à la fois doux et canaille lorsque je glisse mes mains entre le coton doux du t-shirt et sa peau tiède, pour aller exciter ses tétons : il devient coquin et un rien lubrique au fur et à mesure que lexcitation fait pétiller ses sens.
Puis, cest à son tour denlever mon pull, de passer sa main sur mon t-shirt, de narguer mes tétons à travers le coton. Je frissonne.
« Jai le droit ? » il me lance, taquin.
« Je ne sais pas
».
« Et ça, jai le droit ? » fait le bogoss, tout en glissant sa main sous mon t-shirt, et en remontant lentement, sensuellement, ses doigts le long de mon torse.
« Je ne sais vraiment pas
».
« Jai toujours pas le droit ? » il me cherche, alors que ses doigts pincent doucement lun de mes tétons.
« Peut-être que oui
».
« Et, là
jai le droit ? » fait-il, le regard de plus en plus lubrique, tout en remontant mon t-shirt, en léchant et mordillant mes tétons à tour de rôle.
« Cest pas un droit, cest une obligation ! ».
Un instant plus tard, Jérém dégrafe ma ceinture, il ouvre ma braguette.
« Et là, je peux y aller ? » fait-il, coquin, tout en glissant sa main entre les pans ouverts de mon pantalon et en caressant ma queue par-dessus le boxer tendu par lérection.
« Oh, que oui
».
Je suis aux anges, les anges du bonheur sensuel et sexuel.
Puis, sa main glisse dans mon boxer, elle saisit ma queue ; mon Jérém me branle, tout en membrassant, et en agaçant mes tétons avec le bout de ses doigts.
Lorsque ses lèvres quittent les miennes, elles atterrissent directement sur ma queue, quil commence à pomper avec un bon entrain. Je regarde son torse musclé saffairer dans des mouvements de va-et-vient, et je narrive toujours pas à croire que ce gars qui est en train de me sucer et le même gars quil ny a pas si longtemps de ça nassumait même pas son rôle de mâle actif et dominant dans notre relation ; alors, à fortiori, jamais je naurais cru il se lancerait un jour dans ce genre de plaisir.
Quand on est passif, le plus grand bonheur sexuel auquel on aspire, est celui de faire, voir, entendre, sentir jouir un mec actif ; mais dès lors quon est amené à changer de rôle, comme quand on se fait sucer, les envies peuvent changer rapidement de signe. Ce qui est bon dans le fait dêtre homo, cest cette richesse de désirs, denvies, de plaisirs.
Pendant que Jérém me suce, je me surprends à envisager quelque chose de complètement fou, à me demander si un jour il aura envie dessayer de me laisser lui faire lamour
Mais ce nest quun flash, un éclair qui séteint dès que ses lèvres quittent ma queue ; car, dès linstant où je vois mon beau mâle debout à côté du lit, lorsque je le vois ôter son jeans, son boxer, et son t-shirt blanc (quil aurait pu garder, tellement je trouve cette tenue bandante) ; lorsque je le vois dégainer sa queue bien tendue, et sa main commencer à la branler lentement ; lorsque je contemple son torse musclé onduler sous leffet dune respiration excitée ; lorsque je croise son regard enflammé denvies de mâle, voilà, je capitule : en une fraction de seconde, mes envies changent à nouveau de signe, et je redeviens le gars qui a envie de me soumettre à la virilité puissante dun mâle appelé Jérémie.
La simple attitude de mon bomâle suffit pour me faire comprendre ce dont il a envie : un instant plus tard, je suis sur le ventre, les jambes écartées ; je moffre à lui, frémissant denvie dêtre possédé : prends-moi, Jérém, fais-moi lamour, fais-toi plaisir, remplis-moi, féconde-moi !
Ses mains saisissent fermement mes fesses, les écartent : mais alors que je mattends à me sentir transpercé par son manche tendu, cest sa langue audacieuse, entreprenante et sans pudeur qui sattaque au bonheur de ma rondelle. Ce soir, Jérém a décidé de me rendre dingue. Jérém me bouffe le cul et je sens ma queue se raidir à un point inimaginable, je sens mon corps embrasé par une flamme dexcitation ravageuse.
« Cest trop bon
Jérém
tu vas me rendre fou
».
Le bogoss plonge son visage un peu plus loin encore entre mes fesses. Je gémis, je pleure presque de plaisir.
Lorsque sa langue se retire, sa queue glisse lentement en moi, et je suis le plus heureux des gars. Pendant un long moment, Jérém me fait jouir avec ses coups de reins, il me fait bien profiter de sa puissance de mâle, il me fait sentir à lui comme toujours (et un peu plus encore). Puis, il me remplit une nouvelle fois de sa semence.
Quest-ce que jaime, après avoir fait lamour avec mon Jérém, lécher délicatement et longuement ses couilles, comme pour rendre hommage à sa virilité ; astiquer doucement sa queue, comme pour le remercier du plaisir quil ma offert ; recueillir la moindre trace de son sperme autour de son gland, pour menivrer un peu plus de sa puissance sexuelle ; puis, me blottir contre lui, et lui chuchoter à quel point il est bon au lit, à quel point il ma fait jouir, pour conforter son ego de mec.
Et ce que jaime par-dessus tout, cest de prolonger un peu plus son plaisir, sentir sa respiration sapaiser peu à peu, le voir kiffer mes caresses et mes mots, jusquà lui faire oublier la cigarette obligatoire après lamour.
Le temps de récupérer de son orgasme, le bogoss revient me sucer, avec lintention manifeste de me faire jouir à mon tour. Je suis tellement chauffé par le plaisir quil vient de moffrir que je me sens comme une allumette que le moindre frottement pourrait embraser.
Il ne faut pas longtemps en effet pour que je perde pied.
« Je vais jouir
» je le préviens.
Mais le bogoss continue dans sa lancée. Un instant plus tard, je jouis. Jérém me laisse jouir dans sa bouche et il recrache sur ma queue. Et cest terriblement bon.
Jérém me passe du sopalin et remet une bûche dans la cheminée.
« Alors, on les fait ces gnocchis ? ».
« Avec plaisir
».
Nous nous installons sur la table en bois massif à côté du garde-manger et, sur ma suggestion, nous nous attelons à la tâche avec méthode. Jérém écrase les pommes de terre, je les mélange avec la farine, le beurre et les ufs. Pendant que je pétris la pâte, je surprends le regard de Jérém sur moi, comme une caresse, comme rempli de tendresse : cest un regard que je ne lui ai encore jamais vu, un regard que personne na jamais encore posé sur moi : car cest un regard surpris, saisi, admiratif. Quest-ce que cest bon de se sentir ce genre de regard sur soi, et qui plus est venant du gars quon aime ! Ça fait un bien fou !
Je lui demande un bisou, quil moffre avec un plaisir non dissimulé. Si mes doigts nétaient pas collants de pâte à luf, je le prendrais dans mes bras et je le couvrirais de bisous.
Mon pâton est enfin prêt et je commence à le découper ; jen fais de petits morceaux que je passe à mon Jérém, pour quil les roule et quil en fasse de petites « saucisses », prêtes pour létape suivante. Etape dont je me charge, et qui consiste à redécouper les « saucisses » pour en faire des gnocchis.
Pour éviter que la pâte ne colle, la table en bois est saupoudrée de farine ; je saupoudre également les gnocchis après découpe : bref, il y a de la farine partout.
Je regarde mon Jérém en t-shirt blanc en train de rouler les « saucisses » à gnocchis ; on dirait un boulanger en train de préparer son pain ou un pizzaiolo en train détaler sa pâte ; il a de la farine sur les mains, sur le visage, même sur les cheveux : il est sexy à mourir.
« Quest-ce quil y a ? » il me demande, lorsquil capte mon regard collé sur lui.
« Tas de la farine jusquau bout des cheveux
» je me marre.
« Et ça te fait rire
».
« Un peu javoue
mais tes tellement beau
».
« Toi aussi tu vas être beau
».
Et, ce disant, il me balance une pincée de farine dans le cou.
« Tes quun petit con
».
« Cest pour ça que tu me kiffes
».
« Cest pas faux
alors, toi aussi tu vas me kiffer
».
Et ce disant, je lui balance un gnocchi à la figure.
Et là, le bogoss lâche instantanément ce quil était en train de faire, il saisit mes avant-bras avec ses mains pleines de farine, il mattire contre lui et me roule une pelle magistrale ; ses avant-bras à lui atterrissent sur mes épaules, ses mains dans mon dos : après une petite réticence, je me laisse complètement aller. Et voilà que mes mains à moi, tout aussi enfarinées que les siennes, cherchent le contact avec la solidité de son dos.
Une fois de plus, je me rends compte à quel point cest apaisant doublier les conditionnements, oublier de faire gaffe de ne pas se salir. Tant pis pour ma peau, ça se douchera ; tant pis pour mon t-shirt bleu, ça se lavera !
Les gnocchis, cest un travail déquipe, cest ludique ; nous faisons les cons, nous rigolons comme des gosses. Il ne reste quà les plonger dans de leau bouillante, attendre quils remontent à la surface, les récupérer, en disposer une première couche dans un plat à four, mettre de la sauce tomate et du , refaire une deuxième et une troisième couche ; là encore, je surprends le regard de Jérém sur moi, avec cette étincelle enthousiaste, bienveillante et admirative. Ce regard est tellement loin du regard méprisant quil me réservait lors de nos premières révisions, tout comme ce Jérém est tellement différent de celui qui navait aucun état dâme pour me dire de me tirer après mavoir baisé.
Nous laissons gratiner pendant quelques minutes dans le four de la gazinière, tout en prenant un apéritif-câlins.
« Ils sont super bons
» fait Jérém, après en avoir avalé deux bonnes fourchettes.
« Ça me fait plaisir que tu aimes
».
« Tu es vraiment surprenant
jaime les gens surprenants
».
Voir mon Jérém impressionné par mes gnocchis, tout comme je lai été de sa pizza, ça na pas de prix.
« Merci
»
« Tes vraiment un putain de mec, toi
».
Partager un repas en tête à tête avec mon Jérém, dans la pénombre crépitante et accueillante de cette maison au milieu de nulle part, cest un exercice qui me rend fou de joie.
Nous terminons notre dîner en nous remémorant certains moments du lycée, certains camarades, certains profs. Quest-ce que jaime discuter avec mon Jérém.
Notre discussion se prolonge au lit, pendant plusieurs heures ; elle se prolonge jusquà ce que la proximité de nos corps éveille à nouveau nos sens, jusquà ce que le désir nous ratt.
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